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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 07:17
Dernière étape d'un Tour de France que l'on faisait sous influence médicamenteuse à l'insu de son plein gré...Le suspense est à son comble. Toute la France est devant son poste de télévision pour un contre la montre réellement extraordinaire. Pour 8 « petites » secondes,  après plus de 3 000 km de course toujours très indécise, il échoue sur les Champs Elysées ! Il n'obtiendra plus sa troisième victoire dans la Grande Boucle, qui se cache derrière un rayon de bicyclette, pour ne pas voir que le dopage envahit toutes les chambres des hôtels où logent des héros de la « légende des cycles », comme l'écrivit Antoine Blondin. Pour 8 petites secondes, Laurent Fignon entre dans le cœur de Français, qui ont toujours préféré dans cette épreuve, depuis les avatars de Raymond Poulidor, les vaincus malchanceux aux vainqueurs flamboyants. Il sera celui qui passe à côté de la victoire sans avoir démérité. La France sportive reste sur l'affrontement symbolique entre Jacques Anquetil et Poupou. L'arrogance altière de l'un et le caractère besogneux de l'autre avaient partagé le pays en deux. L'ultime duel de 1989 relevait de la même dualité, et le patriotisme sportif ajoutait une importance particulière à ces pauvres secondes qui firent entrer dans  la légende la journée du dimanche 23 juillet. Nul ne sait véritablement si dans ses cauchemars, Laurent Fignon a longtemps revu tous les coups de pédales entre Versailles et Paris, cherchant ceux qui lui avaient fait perdre ces quelques secondes de malheur. On revient en effet toute sa vie sur un échec aussi mince, car, dans le fond, il vaut mieux s'incliner sans regrets éternels. Le pire, c'est que désormais, il doit bien se moquer de cet écart qui causa sa perte et fit sa gloire. Laurent Fignon n'avait jamais noyé son amour pour la Petite Reine dans l'eau claire. Sa carrière avait été entachée par deux contrôles antidopage positifs aux amphétamines : en 1987 lors du Grand Prix de Wallonie et en 1989 lors du Grand Prix d'Eindhoven. Il se déclarera farouchement hostile aux contrôles antidopage inopinés...
Pour lui, tout avait basculé vers 1986, - après de belles années où, même si on se faisait mal sur le vélo, on s'enivrait, on dansait, on ramenait des filles -, dans les années fric, formatées, robotisées, celles où il ne fallait surtout pas perdre 8 secondes. « Tel le Fabrice de La Chartreuse de Parme, qui participa à Waterloo sans savoir de quoi il retournait, Laurent Fignon ne comprit pas ce qu'il voyait sur le Tour de France 1991 : des gars très moyens roulaient à bloc, sourire aux lèvres, à 150 bornes de l'arrivée, des dizaines de sous-fifres l'enrhumaient dans un col, alors qu'il écrasait les pédales comme un damné. Quelque chose échappait au grand blond à lunettes. Il ne mit pas longtemps à mettre un nom sur ce nouveau Waterloo qui se résumait à trois lettres : EPO. Seul, le cycliste l'est toujours. Seul, le champion l'est davantage encore. Mais c'est une autre solitude que décrit le double vainqueur de la Grande Boucle : sur ce Tour de l'étrange, il ne pédalait plus dans la même catégorie. Tout en avouant avec honnêteté que, s'il n'avait pas été en fin de carrière, il aurait fait la queue comme tout le monde » explique avec talent et tact François-Guillaume Lorrain sur le site lepoint.fr Et c'est là que le doute s'installe ! C'est là que les secondes doivent durer des heures dans une vie.
SANS AUCUN LIEN
L'ancien vainqueur du Tour de France (1983, 1984), a révélé jeudi sur Europe 1, et dans l'émission "7 à 8" à diffuser demain sur TF1, qu'il souffre d'un "cancer avancé", mais sans établir de lien avec la prise de produits dopants. "On m'a détecté un cancer des voies digestives. On ne sait pas trop où exactement. C'est une mauvaise nouvelle", déclare Fignon, 48 ans, qui évoque sa carrière et le dopage au sein du peloton, dans un ouvrage intitulé "Nous étions jeunes et insouciants", à paraître aux éditions Grasset. "Mon cancer est un cancer avancé, puisqu'il a envoyé des métastases, précise le champion à TF1. (...) C'est certainement le pancréas. Donc, on ne sait pas ce qui me reste à vivre. On ne sait pas ce qui va se passer. Mais je suis optimiste. On va se battre et réussir à gagner ce combat". On se croirait au départ d'un autre contre la montre, beaucoup plus important que celui d'il y bizarrement 40 ans !
"J'ai entamé une chimiothérapie il y a à peu près 15 jours. J'ai fait ma deuxième séance il y a quelques jours. Ca se passe plutôt bien, je suis en bonne forme. J'ai 5 séances prévues, on refera une analyse complète après le Tour de France. Pour l'instant, j'en sais pas plus que vous. Tout va bien", a-t-il temporisé sur Europe 1.
Interrogé par TF1 sur le lien éventuel entre sa maladie et le dopage, la prise d'amphétamines et de cortisone durant sa carrière de coureur, qu'il évoque dans son livre, Laurent Fignon répond: "Je ne vais pas dire que cela n'a pas joué. Je n'en sais absolument rien. C'est impossible de dire oui ou non. D'après les médecins, apparemment non".
"J'ai expliqué franchement (aux médecins) ce que j'avais fait dans ma carrière, ils m'ont dit « ça ne peut pas être ça. Ce serait trop simple ». Et puis il y a en avait des dizaines, parce qu'à mon époque, tout le monde faisait la même chose, comme aujourd'hui tout le monde fait la même chose", ajoute-t-il."Est-ce que le mien vient de cela? s'interroge-t-il. Le cancer digestif, c'est d'abord une histoire de nutrition. Les produits que l'on ingère le sont par intramusculaire, ils ne passent pas par l'estomac. Donc, non! Si tous les cyclistes qui se sont dopés devaient avoir un cancer, on en aurait tous".
DES PRECEDENTS ILLUSTRES
L'Américain Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France entre 1999 et 2005 après avoir soigné un cancer des testicules, lui a adressé ses voeux de prompt rétablissement.  Il ne lui a cependant pas rappelé la fin de Jacques Anquetil, car ce serait un rapprochement terrible. En effet, on a oublié que son prédécesseur sur le podium du Tour est décédé en 1987 d'un cancer de l'estomac ! Lui aussi avait usé des amphétamines par voie musculaire et lui aussi avait eu un cancer des voies digestives.
Comment ne pas faire un parallèle malheureux ? Sa mort ne surprit personne, car l'orage avait été annoncé. Avec sa franchise, Jacques n'avait pas caché la gravité du mal qui le frappait. Il avait été hospitalisé, le 6 novembre 1987, à l'hôpital Pasteur de Colmar en raison « d'anomalies de la numération sanguine et de douleurs diffuses ». Deux jours plus tard, le communiqué médical était beaucoup plus direct et alarmant : « Le patient souffre de métastases d'un cancer de l'estomac au niveau de la colonne vertébrale. Ces métastases sont à l'origine des douleurs osseuses pour lesquelles Jacques Anquetil a été hospitalisé. » Entre sa première opération et son décès, un peu plus de trois mois se seront écoulés... et la légende n'était plus de ce monde. Le vélo change de braquet dans les années Anquetil (dont la moyenne record de 37,317 km/h dans le Tour 1963 ne sera pas améliorée avant la victoire de Bernard Hinault en 1981). L'escalade des cadences se poursuit tout au long des années 70. « Le Belge Freddy Maertens, raconte Jean-Pierre de Mondenard, est un exemple emblématique de ce stakhanovisme . Il a été engagé en 1978 dans 220 courses, en a gagné 56 et a totalisé 23 jours de courses entre le 24 mars et le 1er mai. Les coureurs de cette époque couraient fréquemment plus de 200 jours par an. »
Que disent les statistiques ? Sur les 677 coureurs de cette époque, on dénombre 77 décès, soit un peu plus de 11%. Quand on examine la mortalité par tranche d'âge, une première observation frappe : la survie des coureurs devient de moins en moins bonne au cours des ans.
A mesure que l'on avance dans le temps, on relève de plus en plus de morts avant l'âge de 60 ans. Le peloton semble évoluer à rebours de la population générale, dont la mortalité diminue dans toutes les tranches d'âge depuis la guerre, mais dans quelques semaines, on continuera à regarder les ascensions de cols à un rythme de motocyclettes, ou les contre la montre au niveau du record de l'heure sur piste. C'est le spectacle qui continue !
ANCIENS ET MODERNES
Pour analyser cette évolution paradoxale, les statisticiens de l'Institut Curie ont distingué deux sous-groupes : les coureurs dont l'année de milieu de carrière est antérieure ou égale à 1961, et ceux pour qui elle est postérieure. Schématiquement, les « anciens » correspondent à la génération d'avant guerre et à la période Coppi-Bobet. Les « modernes » sont très majoritairement nés après la guerre et ont couru pendant les années Anquetil, Merckx, Hinault ou Indurain. Darrigade, notre champion de longévité, fait partie des anciens, mais il a connu le début de la période moderne.
Le groupe des anciens comprend 285 sujets, dont 229 en vie ; le groupe des modernes 392 sujets, dont 370 vivants. La moyenne d'âge du premier groupe est de 70 ans, celle du second 44. Le déséquilibre entre les deux traduit le fait que le premier correspond vraiment à une génération, tandis que les modernes comprennent à la fois les enfants du baby-boom et le début d'une génération plus jeune, née autour de 1970.
Le groupe le plus âgé se distingue par une santé exceptionnelle. Si l'on oublie les décès précoces de Louison Bobet, Jean Robic ou Roger Rivière, nos anciens ont dans l'ensemble une pêche d'enfer. Les octogénaires fleurissent. Leur doyen, Lucien Lauk, a aujourd'hui 87 ans et a couru les Tours 48 et 50. Au total, 93% des anciens atteignent 60 ans, 70% vivent encore à 80 ans. A titre de comparaison, dans la population générale, on compte environ 85% de survivants à 60 ans, 70% à 70 ans, 40% à 80 ans (données de 1975). Ainsi, les anciens ont quasiment une décennie de bonus sur le Français moyen !
En comparaison avec l'étonnante conservation de leurs aînés, les modernes ont triste mine : 85% de survie à 60 ans, pas mieux que la population générale. Ils sont trop jeunes pour qu'on puisse calculer leur taux de survie à 80 ans, mais s'ils continuent sur leur lancée, ils n'auront pas la longévité remarquable de leurs aînés. Une fois de plus, notre Poupou national fait figure d'exception qui confirme la règle : âgé de 63 ans, il semble bien parti pour démontrer que, dopage ou pas, le vélo vous maintient son bonhomme.
Pour les maladies vasculaires, les cadets s'en sortent également moins bien que leurs aînés, mais l'écart n'est pas significatif. En revanche, si l'on se limite aux décès avant 45 ans, la différence devient explosive : les cinq coureurs cueillis dans la fleur de l'âge par des crises cardiaques ou des accidents vasculaires sont tous des modernes. Aucun décès de ce type n'a été enregistré chez les anciens, et ces cinq morts constituent bien une anomalie criante. D'autant que les coureurs du peloton affichent au départ une constitution plus robuste que la moyenne nationale. Le cancer, c'est de toutes manières le dopage. Mais doit-on jeter la pierre aux seuls cyclistes, quand on sait qu'à 8 secondes près on peut entrer dans l'éternite !
Mais je déblogue...
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12 juillet 2008 6 12 /07 /juillet /2008 09:33

Ce soir, on fêtera avec des trémolos dans la voix le sacre de l'équipe de France de football dans son stade, celui qui restera comme le lieu d'un exploit unique que l'on n'est pas prêt de revivre. C'est la vertu de la nostalgie que celle de pouvoir revenir sur des moments glorieux afin d'occulter les outrages ultérieurs du temps. Les télés se sont spécialisées dans le rétro en une période où le présent devient détestable. Il existe un commerce du retour sur ses pas heureux, car la tendance est forte d'occulter l'avenir en se réfugiant dans les certitudes faciles du temps passé. C'était donc le 12 juillet 1998; la France bariolée de bleu, blanc, rouge se rassemblait autour d'une équipe que l'on a, à tort, présentée comme le symbole d'une diversité solidaire. En effet, il a suffi d'attendre quelques mois pour constater que le black, blanc, beur ne résistait pas à la pression médiatique sur l'insécurité. Plus dure fut la chute, car bien des exégètes avaient cru qu'une
vingtaine de pousse citrouilles venus de tous les horizons allaient étouffer le racisme ambiant. Le Pen se chargea de ramener sur les pavés ce racisme que la plage ensoleillée du succès avait dissimulé, l'espace d'un soir d'été.
Toute la France avait prestement enfoui une autre facette du sport médiatique, moins glorieuse, mais tout aussi significative de l'état d'une société axée sur le profit à n'importe quel prix. Ce soir, personne ne lèvera son verre d'eau claire à l'éclosion de l'affaire... Festina ! Cette affaire, qui constitue également un repère essentiel de 1998, avait pourtant démarré le... 8 juillet de cette année là, comme aurait chanté Claude François qui, lui aussi, abusait des produits surnaturels pour rester actif. Qui se souvient que parmi le barnum des géants de la route qui s'ébranla de Dublin en Irlande on savait, mais que l'on était fermement décidé à pratiquer la technique de l'édredon?
Willy Voet, soigneur sachant soigner sans soins, s'était fait contrôler par les Douanes françaises (eh oui, il y avait encore des douaniers aux frontières !), en passant de la Belgique à la France. Il était fier comme Artaban au volant d'un véhicule alloué à son sponsor Festina, pour qui le temps se compte encore, par la société du Tour de France. Cet homme, au faîte de son efficacité thérapeutique, transporte les ingrédients de la gloire : hormones de croissance, EPO. Au total près de 500 doses de produits dopants et stupéfiants, dont 235 ampoules d'érythropoïétine (EPO), 120 capsules d'amphétamines, 82 solutions d'hormones de croissance et 60 flacons de testostérone. Il transportait de quoi transformer Rossinante en insaisissable gazelle du désert !
Devant tant de preuves, le soigneur qui savait soigner sans soins, passe... aux aveux. Il dénonce un dopage organisé et médicalisé au sein de cette équipe. Le directeur sportif de Festina, Bruno Roussel avoue lui aussi l'existence de ces pratiques. Le scandale éclate en pleine Coupe du Monde, dont les héros des stades, purs comme des angelots, courent aux quatre coins de rectangles verts avec enthousiasme et rapidité.
Les accusations de Willy Voet et Bruno Roussel mettent très vite en difficulté des coureurs comme Richard Virenque, l'ange aux pois rouges, Laurent Brochard, ex-champion du monde et le Suisse Alex Zülle dont le coffre impressionne tout le monde. D'autres coureurs de cette même équipe sont également impliqués, à l'image de Laurent Dufaux, Armin Meier, Pascal Hervé, Gilles Bouvard et un certain Moreau.
Suite à ces révélations, la direction du Tour de France met hors course l'équipe Festina le 18 juillet 1998, dans la charmante ville de Brive qui entre ainsi dans l'histoire, alors qu'elle n'était répertoriée que pour ses lois du marché chanté par Brassens ! Les équipes espagnoles, avec Laurent Jalabert à leur tête, abandonnent le tour en protestant contre les méthodes de la police française qui veut fouiller les camions et les chambres.
LES REVES BRISES
Aujourd'hui encore, une partie du public reproche à Jean-Marie Leblanc de ne pas avoir respecté la présomption d'innocence en excluant les membres de l'équipe Festina, ce qui a privé Richard Virenque d'une victoire potentielle au classement général. La France des héros de bleu vêtus tenait en effet son idole, et une sombre affaire de produits illicites la lui avait volée. On ne pardonnera jamais ce manquement à la légende des cycles.
Or hier est arrivée l'affreuse nouvelle de l'été. Alors que ce soir le stade de France retrouvera ses champions de la mondialisation du sport, on a encore pincé un coureur qui avait cru que, pour continuer à se doper, il fallait le faire suffisamment tôt pour ne pas être pris. L'Espagnol Manuel Beltran a subi le premier contrôle antidopage positif du Tour de France, dont il a été exclu par son équipe Liquigas, au soir de la 7e étape à Aurillac. On n'est pas loin de Brive et c'est un coup de pub superbe pour la capitale du Cantal, même s'il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage, tellement c'est courant. Une décennie après l'affaire Festina et un an après une édition bouleversée par les affaires liées au dopage (Vinokourov, Rasmussen, Moreni), Beltran s'est signalé avant même la fin de la première semaine de course. Il était dopé pour réaliser pareille performance. Il aurait en effet été souhaitable de faire ces tests le jour du départ... à tout le peloton, ce qui aurait évité que des camés partent en sachant qu'ils jouaient au loto sportif et avaient une chance même minime, mais réelle, de passer entre les mailles du filet.
BIEN FORME
Après avoir porté plusieurs maillots différents (Banesto, Mapei-Quick Step, Team Coast), Manuel Beltran a rejoint, en cours de saison 2003, l'équipe US Postal, devenue ensuite Discovery Channel, et son leader... Lance Armstrong.
Le coureur espagnol a épaulé à trois reprises le septuple vainqueur du Tour dans ses campagnes victorieuses sur la Grande Boucle (2003, 2004, 2005). C'est à la disparition de cette formation que Beltran a été recruté par Liquigas, pour laquelle il a couru l'année passée le Tour de France (18e du classement final). Précieux pour ses leaders en montagne, Beltran compte de rares victoires à son palmarès (Tour de Catalogne 1999, une étape du Tour du Pays Basque 2007). L'Espagnol, l'un des coureurs les plus âgés du peloton (37 ans), a été contrôlé à l'EPO par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), après la première étape à Plumelec (Morbihan). Le président de l'AFLD, Pierre Bordry, a confirmé que l'échantillon "A" des urines de Beltran présentait des traces d'EPO, et que Beltran faisait partie des coureurs ciblés par son organisme. Ensuite sont tombés les éternels communiqués qui, avec dix ans d'écart, se ressemblent étrangement.
Son équipe n'y est pour rien : « C'est un cas isolé », a annoncé l'équipe Liquigas qui reste en course. « Les autres membres de l'équipe n'ont rien à voir avec cette affaire ». En début de soirée, l'hôtel de Beltran et des autres coureurs de la formation italienne a été perquisitionné par les gendarmes de l'unité spécialisée (OCLAESP, Office Central de Lutte contre les Atteintes à l'Environnement et à la Santé Publique) qui sont repartis avec Beltran afin de l'auditionner. Laurent Jalabert, devenu... consultant spécialisé, n'a pas protesté, et les équipes espagnoles sont restées.
LE DOUTE REVIENT TOUJOURS
La société du Tour s'est bien évidemment félicitée de cette efficacité. Les autorités sont satisfaites de démontrer qu'elles ont les moyens financiers de lutter contre la tricherie, alors que les crédits ont été laminés, et que l'on s'acharne sur le vélo sans se pencher, par exemple, avec un tel zèle sur le foot, le rugby, le tennis, la pétanque ou le curling ! Il n'y a que l'athlétisme qui morfle de temps en temps, car les sports individuels sont souvent plus aisés à contrôler. Par curiosité, il serait intéressant de savoir combien de contrôles ont été effectués aux entraînements des clubs de Ligue 1, ou lors du dernier Euro de football...Les enjeux financiers ne sont probablement pas suffisants pour que les frais du contrôle antidopage soient pris en charge par les organisateurs de ces compétitions.
Il est vrai aussi que, hier, Festina est revenu dans l'actualité avec le cas Christophe Moreau, qui a toujours échappé à son passé. Tous les Français ont été surpris de sa décision de repartir brutalement à la maison. Premier attaquant de la journée, le Belfortin a en effet abandonné, seul, dans la zone de ravitaillement. « L'énergie me manque, je suis vidé » expliquait-il, contrairement à ce qu'il disait la veille : « tout se passe bien ! ». Pourtant, aucun de ses coéquipiers ne l'a entendu se plaindre de problèmes physiques, et il n'a pas connu de chutes. La rumeur relate le fait que le leader d'Agritubel aurait subi (mais ce n'est encore qu'une rumeur) un contrôle poussé antidopage jeudi soir. Alors, bien évidemment, il part dans le doute le plus total, avec un effet retard qui finira bien par exploser à la tête de ses employeurs. En fait, le doute s'est installé. Tout le monde le sait.
Ce soir, profitez donc de cette soirée pour anciens combattants de la Coupe du monde ! Savourez innocemment votre plaisir de supporteur. Les illusions sont parfois protectrices du bonheur tant qu'elles urgent. Entretenez les vôtres, car il va vous en falloir beaucoup : les JO de Pékin arrivent, et vous aurez bien besoin d'un remontant en voyant votre Président de la République, monté sur ressorts et courant partout, dans la tribune officielle. Pour vous en remettre, passez vous en boucle le nouveau tube de l'été « tu es ma came ! ». Mais au fait, c'est de qui ?
Mais je déblogue...

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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 08:09
Ce soir, pour la troisième fois en 9 ans, deux clubs issus d'un même pays s'affronteront en finale de la Ligue des Champions. Cette fois ce sera deux clubs anglais, Chelsea et Manchester United qui se retrouveront dans le stade de Moscou. Cette finale est une affiche alléchante car elle oppose le premier de première League face au second. Le match aller s'était soldé par une victoire des Mancuniens (2-0) alors que le second à l'avantage des blues (2-1). Bref, cela montre que ce match sera sans doute très serré et très engagé car les deux équipes veulent absolument ce titre. Même si Manchester paraît être le favoris de la rencontre car c'est lui qui a gagné le championnat, il ne faut pas oublier Chelsea qui a gagné la coupe face à Manchester. Encore une fois on portera au pinacle ce football anglais dont on prétend qu'il serait le meilleur du monde. Il est vrai que l'on en a pour le prix sur le terrain : du lourd !
Les attaques des deux équipes sont très différentes avec Tévez-Rooney et Ronaldo pour M-U et Drogba-Anelka pour Chelsea. Enfin, le style des deux équipes sont très différents puisque M-U s'appuie sur son attaque alors que Chelsea mise plutôt sur la défense. Une opposition parfaite. Ou presque.
L'ironie de cette mouture 2008 a voulu en effet que le trophée se dispute en Russie, terre d'Abramovich, qui se fait passer pour un milliardaire au grand coeur pour le football alors qu'il ne fait que convertir ses milliards dans un pays occidental pour les récupérer un jour ou l'un jour ou l'autre. Une victoire des Blues aurait donc un goût tout particulier pour l'argentier aux ressources infinies, dont les investissement pour Chelsea sont estimés à près d'un milliard d'euros sur cinq ans. Il a d'abord fallu éponger 120 millions d'euros de dette lors de son arrivée au club avant de révolutionner le marché des transferts en écrasant la concurrence à coups de pétrodollars. Du coup, presque rien ni personne ne résiste à Chelsea lorsqu'Abramovich sort son chéquier.
Les 400 millions d'euros investis sur un quinquennat pour enrôler Didier Drogba, Andreï Shevchenko et la pléiade de joueurs internationaux venus gonfler les rangs blues n'auront pas tardé à porter leurs fruits sur le plan sportif. Abramovich peut se targuer d'être le propriétaire d'un club qui a remporté deux Premier League (2005, 2006), une Coupe d'Angleterre (2007) et deux Coupes de la Ligue anglaise (2005, 2007). En quelques années, Chelsea est donc passé du statut de second couteau à celui de poids lourd du football mondial. Pour que le tableau soit parfait, le club des beaux quartiers londoniens se doit désormais de régner sur l'Europe. Chelsea c'est un puits de pétrole quotidien dont on ne sait pas encore qui l'épuisera. Le football prend des allures de course au trésor et non pas de poursuite d'un ballon rond.
LE ROUGE TROUBLE
Roman Abramovich, self made man à l'histoire incroyable aimerait plus que tout être couronné dans son pays natal, la où sa fortune immense s'est bâtie au fil du temps. Simple mécanicien dans une entreprise de bâtiment moscovite en 1987, Abramovich est, 21 ans plus tard, le quinzième homme le plus riche du monde. Hier celui qui est aussi le gouverneur de la province du Tchoukotka, au nord est de la Russie, pourrait aussi être l'homme le plus heureux du monde mais il pourrait aussi illustrer l'adage voulant que l'argent ne suffise pas à faire le bonheur.
La carrière du propriétaire de Chelsea est plus ou moins confuse mais elle n'a pas commencé dans la facilité. En utilisant la Perestroïka de Gorbachev qui autorise la création de petites entreprises privées, les coopératives il a lentement constitué sa fortune. Il dirige une coopérative nommée Uyut qui se spécialise dans la fabrication de jouets en polymères. Avec l'éclatement de l'Union soviétique et la libéralisation massive de l'économie,
Abramovitch s'intéresse aux affaires boursières et devient un trader plus habile que celui de la Société Générale. Il figure parmi les premiers à s'intéresser à la vente de pétrole sans s'occuper de l'étape de production, achetant le pétrole à des producteurs locaux au prix du marché domestique, puis le revendant à l'étranger grâce à une licence d'exportation.
En 1992 un juge ordonne l'interrogation d'Abramovitch en se référant à l'article 90 du code criminel russe ; à cette époque il était en affaires avec une entreprise lettono-américaine. Il est accusé d'avoir détourné un train transportant des millions de litres de pétrole sur le trajet Oukhta - Moscou, ce train étant sous les ordres d'une entreprise qu'il dirigeait. Le train est retrouvé en Lettonie, et l'enquête révèle que ce pétrole était transporté à Riga grâce à de faux documents et destiné à être vendu sur place à l'armée. Abramovitch est placé en garde à vue dans le cadre de cette affaire, et sera blanchi.
La proximité d'Abramovitch avec Boris Eltsine et sa famille est établie : il est un proche de la fille de l'ancien Maire de Moscou et qui fut sa conseillère lorsqu'il était président. Certains détails de cette relation ont été rapportés par un général dans sa biographie, ou il décrit qu'Abramovich était chargé des finances de la famille de Boris Eltsine qu'il a su récompenser de son soutien.
Son intérêt pour les marchés financiers permet à Abramovitch de s'enrichir progressivement et de se créer des contacts. Il fait notamment connaissance avec le sulfureux Boris Berezovski ce qui va lui permettre de franchir tous les obstacles, et qui donnera le véritable départ de sa carrière. Grâce aux contacts de dans le monde des affaires et au sein du pouvoir, l'ascension des deux hommes est très rapide et c'est le Président de Chelsea qui s'en sortira finalement le mieux. Pour lui la finale de la Champion's League vaudra un titre de noblesse décerné par la société britannique, une sorte d'anoblissement alors que la Mafia rôde autour de son ascension exceptionnelle. Derrière son nom se cache en effet bien des ombres douteuses mais... une coupe suffirait à les effacer et à faire oublier tout ce qu'il y a eu avant.
DES DETTES ENORMES
Elles ont beau être les deux reines du football européen actuellement, la situation financière de Chelsea et Manchester n'est pas des plus enviables. Bien au contraire. A en croire le quotidien britannique The Guardian, les deux finalistes de la Ligue des champions de football sont endettés à hauteur d'1,5 milliard de livres à eux d'eux, soit près de... 1,9 milliard d'euros. Une bagatelle à l'échelle de la Champion's League puisque tous les grands clubs alignent des bilans négatifs parfois moins important mais bien réels comme le Barça et le Real !
D'après le journal, les «Blues» de Chelsea doivent 935 millions d'euros à leurs créanciers, dont 578 au propriétaire du club, le russe Roman Abramovich, dont l'investissement s'est fait sous forme de prêt et non de don comme indiqué jusqu'alors. Pour les «Red Devils» de Manchester, la situation est encore plus dramatique, puisque l'endettement s'élèverait à 764 millions de livres, soit 960 millions d'€... Impressionnant quand on ramène ces sommes aux budgets des clubs français. Michel Platini, le président de l'UEFA, a plusieurs fois répété son inquiétude devant l'endettement des clubs de football. Il a indiqué qu'il était favorable à l'introduction de règles de gestion plus strictes, sur le modèle de celles en place en France ou en Allemagne. En attendant, ce soir, on joue une finale à Moscou avec des clubs vivant à crédit. L'obtention de la coupe aux grandes oreilles sera le moment rêvé de mettre la main sur un joli pactole qui permettrait d'assainir le compte en banque des deux clubs. Le sport, là dedans, il vous faudra éviter de vous nourrir d'illusions en vous installant devant votre télé !
INQUIETUDE PRUDENTE
Michel Platini, le président de l'UEFA, a plusieurs fois répété son inquiétude devant l'endettement des clubs de football. Il a indiqué qu'il était favorable à l'introduction de règles de gestion plus strictes, sur le modèle de celles en place en France ou en Allemagne. Pour lui, il est vital d'agir, au niveau européen, pour redonner au foot un visage davantage humain, social et équitable sur le plan économique. Michel Platini disait il y a peu : « Je ferai tout mon possible pour convaincre la Commission européenne, les élus et les autorités politiques que la loi européenne devrait fournir au sport un cadre légal protecteur. » Face aux multiples dérives qui touchent le monde du ballon rond, le but - au sens propre comme au figuré - est de protéger le football, ses racines, ses valeurs, ses clubs, ses équilibres, ses communautés pour que demain il ne soit pas l'apanage de quelques dirigeants et politiciens qui veulent confisquer à leur guise ce sport qui appartient à tous et pas seulement à des hommes d'affaires qui s'achètent un club pour leur image et surtout réaliser d'éventuels profits. Ils parient sur des effectifs comme les émirs du golfe le font avec leurs écuries de chevaux de courses.
Le football est désormais rongé à tous les étages par la notion de profit. Nul ne songerait à contester la nécessité de payer à des tarifs convenables des joueurs assurant un spectacle de qualité mais il est inimaginable de constater les salaires ou les dessous de table versés. On en arrive à des aberrations du type de celle des joueurs du Paris Saint Germain qui auraient été solliciter une... prime de leur club pour ne pas descendre ! Ce soir on se demande si les joueurs des deux clubs évolueront avec à l'esprit la valeur originelle du jeu ou celle des sommes qui seront en jeu... Dans le fond les actionnaires américains de Manchester ou le propriétaire russe de Chelsea auront une calculette dans une main et le fanion de leur club dans l'autre. Sur un seul match le vainqueur peut en effet recevoir au maximum 22 millions d'euros ce qui permettrait de payer les frais divers du club et les cadeaux offerts aux invités du Président !
Tôt ou tard l'UEFA devra imposer un contrôle sur la gestion de ces monstres médiatiques que sont devenus une douzaine de clubs en Europe. Il faudra beaucoup de courage pour s'attaquer à des icebergs financiers dont les exploitants se nomment Roman Abramovich, Silvio Berlusconi, Ramon Calderon Ramos, Josep Lluís Núñez, Jean Michel Aulas ou Dreyfus... Ils attendent de pied ferme des contrôleurs rémunérés comme des femmes de ménage qui voudraient mettre leur nez dans des comptes dont sait à l'avance qu'ils doivent être hors jeu !
Mais je déblogue...

 

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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 07:29
Je ne me souviens plus exactement du contenu et plus encore de la date de publication d'une chronique que j'avais consacrée au scandale que représentait le comportement de pseudos supporteurs dans les stades de football. J'ai fréquenté durant deux décennies ces enceintes qui ressemblent de plus en plus à des arénes où peuvent éructer toutes les idéologies les plus abjectes en toute impunité. Je devrais me contenter de la rechercher parmi les 900 textes publiés et effecteur un simple copier coller tant les événements de samedi illustrent cette déviance dramatique du sport numéro un dans le monde et notamment en Europe. Comment ne pas être révolté par le nouveau dérapage, prétendument totalement incontrôlé, d'une frange très connue du public parisien dont la qualité intellectuelle s'est une fois encore étalée à la face d'un football français de nouveau pris de court. "Pédophiles, chômeurs, consanguins: Bienvenue chez les Ch'tis": voilà le message ignoble et ouvertement raciste qui s'étalait samedi, aux yeux de tous et du Président de la République, Nicolas Sarkozy y compris, sur vingt-cinq bons mètres du virage Nord où était installé le public du PSG.
Personne n'a véritablement réagi et surtout on a évité les incidents en expédiant immédiatement dans la zone concernée des forces de l'ordre pourtant très nombreuses. Il n'y a même pas eu un responsable qui ait eu l'idée de bloquer la sortie des travées concernées par cette odieuse insulte. Ces policiers qui arrêtent en un clin d'œil des sans papiers et leurs enfants dans... les Préfectures n'ont pas eu le réflexe de se mobiliser pour interpeller en flagrant délit ceux que l'on a déjà parfois repérés depuis des mois et des mois mais qui ont... leurs papiers ! Il ne fallait surtout pas gâcher une fête télévisée par le service public et sponsorisée par des firmes respectables. On a attendu patiemment le lendemain pour s'indigner de ce que l'on avait parfaitement vu mais que l'on avait oublié l'espace d'un match de football à l'issue d'ailleurs douteuse !
Il est vrai qu'à l'occasion de cette finale, la Ligue professionnelle (LFP), pour mieux illustrer son partenariat officialisé la veille avec la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra), avait disposé tout autour de la pelouse dyonisienne des panneaux "Tous ensemble contre le racisme"... On a donc pas vu de suite où était le danger avec cette banderole quasiment néo-nazie dans ses fondements. Il a fallu de longues minutes avant que l'objet du délit ne soit retiré.
DU BEAU MONDE PASSIF
Cette humiliation pour des milliers de personnes dont le maire de Lens, très ému samedi soir après la rencontre, entend faire « une affaire d'Etat » puisque des plaintes devraient être rapidement et conjointement déposée au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Béthune ainsi qu'au TGI de Paris avec les citations en tant que témoins de Nicolas Sarkozy en personne, mais aussi de la Ministre de la Justice, Rachida Dati, et du Secrétaire d'Etat aux Sports et à la Jeunesse, Bernard Laporte, tous présents au stade... mais qui n'ont pas exigé la décision qui s'imposait : ne pas faire débuter le match tant que la banderole existait et surtout tant que ces initiateurs n'avaient pas été arrêtés ! le spectacle à tout prix a visiblement supplanté la morale et l'éthique.
Gervais Martel, lui, a été beaucoup plus net, après avoir dit sa façon de penser à l'arbitre de la rencontre, M. Duhamel qui lui aussi n'a rien vu et surtout ne s'est posé aucune question dans un contexte où les actes racistes dans les stades ne cessent de se multiplier. Il ne mâchait pas ses mots douze heures plus tard dans le cadre de l'émission France 2 Foot: "C'est une banderole dégueulasse. Je suis né dans la région Nord-Pas-de-Calais qui a apporté beaucoup à la France. Des gens ont laissé leur vie dans les mines. C'est un viol. Un écrit, cela reste toujours." Et le président lensois, solidaire de son homologue parisien, Alain Cayzac, d'en appeler à la Ligue comme aux pouvoirs publics afin que les auteurs de tels agissements soient lourdement punis: "Il faut prendre des sanctions extraordinaires pour les supporters qui ont rentré une telle banderole." On s'interroge en effet pour savoir comment, dans le contexte actuel, une banderole d'une telle taille a pu être introduite dans une enceinte dont l'entrée faisait l'objet de fouilles a priori minutieuses: "J'ai été fouillé, ma femme avec qui je suis venu au Stade de France également, expliquera Guy Delcourt. Il va aussi falloir que l'on m'explique comment des supporters peuvent rentrer avec une banderole de 25 mètres. Il faut demander des comptes aux responsables du Stade France". Troublant en effet... mais certainement pas le fait du hasard. On peut à tout moment être pris en flagrant délit par un radar automatique ou par une paire de... jumelles mais au stade de France on ne voit pas l'évidence pour éviter les incidents préjudiciables à ce que je n'ose plus appeler du sport ! De là à imaginer que ces agissements inadmissibles ont pu faire l'objet de complicités, il y a un pas que les investigations permettront de déterminer. Enfin on peut le croire ! Les effets d'annonce se sont multipliés. L'indignation rétroactive enfle. Mais n'empêche que le mal est fait !
BASTIA, SAINT ETIENNE, METZ ...
Il ne s'agit pas pourtant d'une nouveauté. Les précédents existent, à l'image de la récente affaire du jouer du club voisin de Libourne Saint Seurin Kébé, qui n'a valu à Bastia...qu'un match à huis-clos c'est à dire la perte des recettes de la buvette ! il y avait eu aussi la banderole du derby ASSE-OL de mars dernier qui avait révulsé déjà les gens un tant soit peu soucieux de citoyenneté et de sport. L'association de supporters stéphanois "Magic Fans" avait brandi une banderole portant l'inscription: "La chasse est ouverte, tuez-les", illustrée d'un chasseur blanc vêtu aux couleurs de Saint Etienne et poursuivant un personnage noir à l'effigie de Lyon. Chacun des joueurs Lyonnais faisait l'objet d'une comparaison avec un animal de la jungle (singe, rhinocéros, éléphant...) ce qui bien évidemment n'avait pas été considéré comme une injure à caractère racial, juste une bonne plaisanterie de potaches verts ! Le président Thiriez a lui affiché la plus grande détermination dans ce domaine en faisant appel de la sanction infligée à Bastia. On a eu les incidents de Metz avec des injures racistes venues également des tribunes. On a des injures scandées dans tous les stades...italiens, roumains, espagnols, allemands mais l'essentiel c'est partout de jouer pour la télé alors on attend le pîre.
Alain Cayzac adoptait un profil bas de circonstance car il sait parfaitement pourquoi il n'y a pas eu de réactions rapides : "Je ne sais pas si le PSG doit être sanctionné sportivement en lui retirant des points au championnat par exemple. C'est un autre débat. Cette banderole est arrivée sauvagement (sic). Les coupables doivent être condamnés sévèrement. C'est cela qui compte aujourd'hui. C'est blessant pour la population lensoise, et les Ch'tis dans leur ensemble, a reconnu Cayzac. Et cela porte aussi préjudice au PSG. Nous n'avions pas besoin de ça. J'ai honte. Je présente mes excuses à Gervais Martel et aux Lensois en général." Décidément, la joie parisienne aura été de courte durée... et bien décalée par rapport à la réalité.
UNE RECIDIVE PERMANENTE
Les supporteurs parisiens de la tribune Boulogne, frange la plus sulfureuse du PSG, ont condamné la banderole. «Nous nous désolidarisons de ce fait isolé de quelques individus a déclaré le porte-parole de la tribune Boulogne, Philippe Pereira. Nous nous excusons auprès de la communauté Nord-Pas-de Calais, des supporteurs lensois et du club de Lens.» Mais bien entendu ils ne connaissent pas ces supporteurs de noir vêtu qui lève leur bras de manière pour le moins équivoque quand leur club l'emporte (cette saison c'est évidemment plus rare). Bine évidemment quand pour Libération, « La tribune Boulogne, qui abrite les plus ultras des supporters parisiens, dont certains se sont faits comme spécialité, entre autres, de pousser des cris de singe dès qu'un joueur noir touche le ballon. » ce n'est pas inquiétant et annonciateur d'autres comportements.
Après les incidents de 2006 ayant vu la mort d'un supporteur tombé sous les coups de feu d'un policier menacé le ministre de l'Intérieur, un certain Nicolas Sarkozy annonce la dissolution immédiate des clubs de supporters « ne se désolidarisant pas de mouvements racistes ou d'actions violentes » et annonce que la tribune « Boulogne rouge » sera fermée jusqu'à nouvel ordre tandis que Marie-George Buffet demande à ce que le PSG joue à huis clos... On l'oubliera très vite car le PSG ne peut pas se priver de ses supporteurs et des recettes. D'ailleurs la réaction de l'un de ses joueurs est véritablement surprenante.
Jérôme Rothen s'est dit hier opposé à une sanction sportive mais favorable à « une sanction financière pour le club », sans « tomber dans l'exagération (sic) ». Pour le milieu de terrain du PSG, « le club n'y est pour rien, on ne peut pas se battre contre des gens qui ont soit des propos racistes soit des banderoles comme celle-là », qui « n'a rien à faire dans un stade ». Je me demande parfois si lui aussi à quelque chose d'intelligent à faire sur un stade !
Mais je déblogue...

NB / j'ai retrouvé la chronique intitulée "pas d'armistice pour les idiots" http://srv02.admin.over-blog.com/index.php?id=1019036106&module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=691206969557
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12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 07:31
Comment peut-on, quand on a été passionné comme je le fus, de sport en général et de football en particulier, ne pas être désespéré, une fois encore par les événements intervenus hier en Italie ? Sauf à être d’une totale inconscience il est difficile d’admettre que le jour de la fin de cette boucherie que fut la première guerre mondiale on puisse mourir pour une rencontre sportive. Absurde. Epouvantable. Inconcevable. Mais pourtant bien réel dans une société où le football est devenu une exutoire à cette soif dominatrice qui anime parfois les meutes. Les stades ressemblent en effet de plus en plus aux jeux du cirque romains dans lesquels les excités réclament non seulement du jeu mais surtout des victoires claniques. En fait nous en sommes revenus à ces affrontements ancestraux reposant sur l’irrationnel pour refoulés de la notoriété.
Hier donc à la suite de la mort d'un supporter de la Lazio, tué par balle par un policier sur une aire d'autoroute des événements terribless se sont déroulés sur dans de nombreuses villes. La victime, Gabriele Sandri, était âgé d'une vingtaine d'années. 
Selon plusieurs témoignages relayés par les médias italiens, il se rendait avec plusieurs autres tifosi à Milan en voiture pour assister au match Inter-Lazio lorsqu'ils se sont arrêtés sur l'aire d'autoroute de Badia al Pino, non loin d'Arezzo. Ils se seraient alors trouvés face à un groupe de supporteurs de la Juventus et un affrontement aurait éclaté. Un agent de la police routière, qui se trouvait dans la zone, serait alors intervenu et aurait fait usage de son arme de service. Gabriele Sandri aurait été mortellement touché au cou alors qu'il se trouvait dans sa voiture, selon l'agence italienne Ansa. Le préfet de la ville a indiqué qu'il s'agissait d'une " tragique erreur ".
La rencontre entre l'Atalanta et l'AC Milan a été arrêtée après des incidents initiés par des supporters de Bergame. Ces derniers se sont acharnés contre une épaisse vitre de protection qui les séparait du terrain, et ont réussi à la briser en deux endroits. Malgré l'intervention de quelques joueurs du club, qui ont tenté de les dissuader - sans succès -, l'arbitre a été contraint de renvoyer les deux formations au vestiaire.
A Milan, quelque 400 manifestants ont lancé des pierres sur un commissariat, tandis qu'aux abords du stade, tifosi de la Lazio comme de l'Inter ont entonné des chants violemment hostiles aux forces de l'ordre.
A Sienne où se jouait Sienne-Livourne, des supporters ont longuement hurlé " assassins " aux carabiniers et policiers qui assurent la sécurité du stade. La même scène s'est également reproduite dans d'autres stades, y compris à Rome où des heurts ont opposé quelque 200 tifosi de l'AS Roma aux forces de l'ordre près du stade Olympique. Une chaîne de " solidarité " qui révèle la nature réelle du mal. Ce n’est que la résultante d’un long processus dans lequel les instances du football peuvent être considérées comme " complices passifs "
On me dit qu'il s'agit d'un épisode isolé et qu'un policier aurait tiré ", avait déclaré un peu plus tôt le président de la Lazio, Claudio Lotito. " Selon ce que je sais, cinq jeunes étaient dans une voiture et il y a eu un affrontement avec d'autres. Un policier est accouru pour tenter d'apaiser la rixe et un coup de feu accidentel est parti ". Le problème c’est qu’aussitôt connue cette information a déchaîné encore plus de violences.La nouvelle a immédiatement provoqué la colère des supporteurs dans plusieurs stades où devaient se dérouler les matches.
DU BRESIL A LA YOUGOSLAVIE
En fait tout le monde sait que le football sert de dérivatif à des hordes ou à des groupes plus ou moins organisés qui confondent le sport et les guerres qu’ils ne feront jamais. Ils s’organisent en bataillons, derrière des banderoles, se gavent de slogans et se donnent l’impression de dominer les autres par procuration. La grande majorité d’entre eux se rassemble dans une entité appelée d’une manière ou d’une autre " ultras ". Ce phénomène n’est pas nouveau. 
Le mouvement ultra naît au Brésil dès les années 40 avec la mise en place de Torcida. Ces groupes de supporters n'ont rien à voir avec les organisations existantes jusque-là au Brésil comme ailleurs. Le mouvement ultra débarque en Europe via la Yougoslavie d'alors, ou plutôt la Croatie. Les actualités cinématographiques yougoslaves diffusent des images de la Coupe du monde de 1950, avec déjà de nombreux plans de foules exubérantes : les fameuses Torcida.
Les premiers supporters européens à avoir bouleversé les rapports entre un match et son environnement furent ceux du club de l’Hadjuck Split qui ont adopté cette attitude à l'occasion d'un match contre l'Etoile rouge de Belgrade. L'intensité de la partie face au grand rival et le but victorieux inscrit à la 87e minute aide à la naissance du mouvement. Les Ultras envahissent le terrain au coup de sifflet final, et portent en triomphe le buteur jusqu'au centre de la ville. Les " exploits " des Ultras de l’Hadjuck Split seront suivis pas bien d’autres.
Les clubs italiens découvrent les us et coutumes ultras dans les années 1960 et de nombreux groupes se constituent en Italie et ils ont subsisté jusqu’à maintenant avec la complicité des dirigeants de plus grands clubs qui recherchent leur soutien. Le mouvement ultra atteint la France au milieu des années 80. Le premier groupe ultra est le Commando Ultra de l'Olympique de Marseille fondé en 1984. Viennent ensuite les Boulogne Boys du P.S-G. et la Brigade Sud Nice de l'OGC Nice tous les deux fondés un an plus tard. Cette forme de supporters laisse froid les îles britanniques dont les supporters préfèrent avoir une relation directe et personnelle avec " leur " club plutôt que de passer par un groupe de supporters. C'est la base même du conflit qui oppose l'école dite italienne (Ultras) et l'école dite britannique.
DES RAPPORTS AMBIGUS
Les groupes ultras sont théoriquement financièrement indépendants du club qu'ils soutiennent. Ils s'autofinancent par différents moyens, chaque groupe ayant son style de financement. Parmi ces moyens on trouve les déplacements pour suivre le club à l'extérieur au cours desquels nourriture et boissons peuvent être vendues, des quêtes en tribune, la vente de gadgets portant le nom du groupe ou de la ville, la vente d'un journal édité par le groupe, etc... Cependant, des dérives mercantiles existent lorsqu'un groupe produit des gadgets en très grande quantité pour les vendre à un maximum de personne, même extérieures au groupe.
Les Irreducibilli (Lazio de Rome, Italie) possèdent même plusieurs boutiques officielles où ils vendent billets et matériels divers. Une partie de la mouvance Ultra estime que ces groupes s'éloignent de la mentalité originelle et de l'opposition au "Foot Buisness" .E
n plus de ça, certains groupes obtiennent des subventions directes des clubs, ou parviennent à détourner d'importants flux financiers en prenant en charge, par exemple, la commercialisation des abonnements comme à Marseille. En fait il existe une forte ambiguïté sur le rôle que jouent les instances officielles du football dans le développement de ce qui ne s’apparente pas à du hooliganisme mais qui y ressemble quand il dérape. En fait la seule véritable différence repose sur l’exploitation organisée du supporteur alors que les hooligans sont ingérables.
RACISME ET PROFITS
Les débordements continuent donc dans les stades italiens. Après le coup du scooter lancé depuis les tribunes, après le coup du pétard sur l'arbitre, après le coup des saluts fascistes de Di Canio, c'est au tour des supporters de faire n'importe quoi. Le Calcio fait beaucoup parler, mais pour de mauvaises raisons et depuis très longtemps. Déjà en 2006 on avait vu une banderole nazie avec l'inscription "Gott Mit Uns" (dieu est avec nous) déroulée dimanche dans les tribunes du stadio Olimpico de Rome, lors du match opposant l'AS Rome à Livourne.
La banderole portant l'inscription " Lazio-Livourne, mêmes initiales, même four, Gott mit uns (la devise qu'on retrouve sur les ceinturons des SS) ", adressée aux tifosi toscans, était apparue dans le virage sud réservé aux ultras de la Roma. Des drapeaux avec des croix celtiques et des croix gammées avaient été également exposés au cours de la partie. La Lazio se retrouve citée sur cette banderole car c'est l'ennemi intime de la Roma. Mais même entre eux, les fascistes en Italie sont racistes. C'est dire leur niveau intellectuel.
Les supporters de Livourne se retrouve en si mauvaise compagnie pour une seule raison. Leur soutien inconditionnel à une politique sociale et humaine. 
Pour simplifier, Livourne est de gauche donc il faudrait les brûler. Rome, autrefois foyer d'une civilisation si brillante, est tombé bien bas. Mais faisons aussi le ménage devant notre porte et n'oublions pas comment Boulogne avait fêté le départ de George Weah au Milan AC ( "Casse toi, on n'a pas besoin de toi - Dégage, pas besoin de noirs dans l'équipe"). en France aussi, le phénomène existe. Dans l'ombre, il gagne du terrain, jusqu'au prochain incident.
Les sociétés "sportives" qui contrôlent des clubs vont vite vouloir à tous prix que le championnat italien reprenne malgré la gravité de ce qui vient une fois encore de se produire. Le calcio affiche à l’heure actuelle son vingt-troisième mort. Deux équipes de football. Ne l'oublions pas. Quand Jean-Michel Aulas le PDG de l’Olympique Lyonnais annonce que selon lui les droits télévisés valent … au minimum 750 millions d’euros il dévoile la véritable facette de ce qu’il ne faut plus appeler du sport mais du spectacle sportif.
Les intérêts en jeu représentent des sommes astronomiques et c'est l'argument financier qu'avanceront sans vergogne les dirigeants pour que l’on oublie vite toutes les outrances. Les profits n’ont que faire de la mort d’un malheureux qui ne savait pas que le 11 novembre était la journée commémorative de la fin de la pire connerie humaine : la guerre !
Mais je déblogue…
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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 12:01

C’est fait, la France va avoir la chance de bénéficier d’un secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports à temps plein. Elle en rêvait depuis tellement de semaines qu’elle fêtera cet événement par une explosion de joie dans les chaumières. De partout les cris de satisfaction sont montés : Bernard Laporte va enfin pouvoir donner l’exemple aux sportifs et aux jeunes. Il est vrai qu’on l’attendait depuis longtemps. 
En fait, pour ne pas avoir su jouer l’ouverture, le XV de France a offert à Nicolas Sarkozy le bonheur d’accueillir à l’Elysée son pote du Bassin d’Arcachon autour de la table inutile du conseil des collaborateurs. Bizarrement hier soir, on ne l’a pas trop vu sur le petit écran et il a disparu sans effectuer de commentaires sur TF1, mais il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il s’associe, en ce moment, à une défaite supplé377860--2-.jpgmentaire. Les Bleus ont été victimes de " détails ", ce qui devrait attirer l’attention de Fillon : on finit toujours pas payer des grains de sable qui se glissent dans les machines les plus puissantes. Une glissade de Traille, une cuillère anglaise qui reprend un pas de Clerc, un bras trop haut de Swierzinski qui offre une cravate malvenue à Wilkinson, et la France prend la porte !

Le divorce qui menace l’image d’Epinal de la Madone de Tripoli, les rugbymen qui s’arrêtent sur le chemin de la béatification, Dati qui met la France judiciaire en lambeaux, une grève terrible qui s’annonce pour la semaine prochaine, Fadela Amara qui fait dans le " dégueulasse " bienfaisant, une majorité qui se teste sur l’ADN, les copains qui ont bénéficié d’une idée fabuleuse d’investissements à fonds perdus de la Caisse des dépôts, Galouzeau de Villepin qui se met à balancer dur, Poutine qui fait le coup du mépris intégral : il faut bien avouer que les nuages s’accumulent dans le ciel sarkozyste ! Il paraît que Mitterrand consultait régulièrement Elisabeth Tessier sur son avenir. Il devient urgent que le pensionnaire actuel de l’Elysée fasse venir une voyante extra lucide de ses amies pour savoir si cette mauvaise passe va durer encore longtemps. Certains disent que le rôle pourrait convenir à Roselyne Bachelot, dont le look et la capacité d’anticipation correspondent probablement à la compétence nécessaire. Comme elle travaillera avec Bernard Laporte dans quelques jours, elle s’inscrirait dans la logique d’une utile collaboration. Tous deux vont constituer la paire de " demis " qui va sauver le sarkozysme en danger.
LA CHABALISATION DU DEBAT
Après cette nouvelle défaite face aux Anglais, les discussions vont enfin porter sur les erreurs commises par le secrétaire d’Etat aux sports. On rappellera que, malgré les victoires antérieures, les Bleus ont manqué en permanence de constance dans leur jeu. Ils se sont tiré d’affaire chaque fois que leurs adversaires n’ont pas été capables de développer un jeu organisé, et surtout n’ont pas su contourner le défi physique que les Français cherchaient à imposer. La théorie de Laporte consistait à chercher des gens solides, capables d’imposer le débat et donc de conduire l’adversaire sur des secteurs où il espérait que ses troupes seraient les plus fortes. La Chabalisation du rugby français a conduit à négliger les débats faits de confrontations reposant sur la technique et la tactique. Le choix a réussi face aux Blacks, incapables de faire autre chose que de chercher à prendre les Bleus à leur propre épreuve de force. Ils n’avaient réellement jamais joué leur jeu, étant particulièrement méfiants et plus préoccupés par les contres que par leur puissance collective.
Les représentants de la perfide Albion ont eu la chance que les Bleus avaient eue contre les Néo-zélandais. Ils ont su l’exploiter, alors que nous restions englués dans un combat ressemblant à la défaite des chevaliers français à Azincourt. Après une énorme bévue de Damien Traille en défense, amenant un essai anglais (non transformé par Wilkinson) dès le début du match, les avants, occupèrent le terrain anglais. En marquant deux pénalités grâce à Lionel Beauxis, Wilkinson, de son côté, ratant un drop, et une pénalité tirée au-delà des 50 mètres, ils ont entretenu le supense.
En deuxième mi-temps, les deux équipes se neutralisèrent, les Anglais occupant mieux le terrain adverse. Les Français, quant à eux, perdirent davantage de ballons. Alors que le score ne décollait pas pendant la première partie de la seconde mi-temps, les Bleus commirent une de leurs rares fautes en défense, offrant une pénalité sur un plateau à Jonny Wilkinson. Un drop de ce dernier, à 5 minutes de la fin, fit passer le score à 9-14. Les dernières attaques françaises se heurtèrent à la défense anglaise, que jamais les Bleus ne réussirent à franchir. En fait, on a découvert une fois encore que l’Angleterre est bien séparée de la France par un obstacle qui reste infranchissable, même à la nage, dans les regroupements. Le naufrage ne fut jamais menaçant mais le canot de survie fut pourtant toujours de sortie.
COUPS DE PIED PLUS OU MOINS TORDUS
Contrairement à d’autres secteurs de la vie collective hexagonale il n’y a eu aucune erreur dans le camp... de la Rose, qui fut d'une solidarité parfaite face à l’adversité. On ne l’a pas véritablement senti dans le camp tricolore. Les Coqs se sont battus individuellement, dans les filets qui se resserraient inexorablement autour d’eux. On comptait parmi les dizaines de supporteurs massés sous la halle médiévale de La sauve Majeure, sur une percée de Chabal, sur un sprint de Clerc ou sur une inspiration d’Elissalde, pour faire basculer le match. Jamais on n'a cru dans la globalité de l’action des Bleus car, lentement mais sûrement, se dégageait un sentiment d’impuissance collective. D’ailleurs, ce sont les fameux statisticiens qui donneront les clés de la rencontre. 
Les Bleus ont en effet perdu des ballons chèrement gagnés qu’ils ne retrouvèrent ensuite jamais. Ils ont aussi galvaudé des coups de pied qui pouvaient faire la décision (Beauxis a manqué échouer dans ses trois tentatives de drops sur trois en première période) et surtout ils ont laissé filer le match en deux minutes…
La Marseillaise entonnée par plus de 200 personnes rassemblées par l’opération grand écran en Créonnais témoignait que le patriotisme a encore de beaux jours devant lui, quand il  repose sur des concepts guerriers ou d’exclusion parachutés dans le sport. Il ne résiste cependant pas très longtemps aux événements défavorables. Moins de 120 secondes exactement aprèscet hymne à la joie, le grand Traille mit en effet trop de temps à évaluer le danger d’un ballon anodin expédié par hasard vers son en-but par un Anglais simplement décidé à tirer le premier. Il glissa, et les drapeaux furent vite mis en berne. Et si tout simplement la rencontre s’était jouée sur ce simple dérapage incontrôlé ? Deux minutes pour sceller le sort d’une coupe du monde ! Car ce sera le fait essentiel de la confrontation : les Anglais avaient mis le doute dans les esprits, d’autant que dans leur camp, il n’y eut quasiment aucune erreur de mains. Robinson fut le roi de son île des 22 mètres et se faufila maintes fois parmi les écueils massifs du pack français. Il fut aussi stoïque sous les V1 ou les V2 expédiés  depuis le continent par les tireurs, que les Londoniens au temps de la période critique de la dernière guerre. 
En revanche, peu de ballons français allèrent jusqu’aux ailes, et jamais on n’essaya de les faire naviguer de la droite vers la gauche afin d’étirer, à la Sarkozy, la défense adverse. On ne pratiqua l’ouverture qu’à doses homéopathiques ce que le Président de la République ne manquera pas de reprocher au téléphone à son brillant secrétaire d’Etat de la Jeunesse et des Sports. Bernard Lapasset, président de la fédération française de rugby n'y va pas par trente six chemins quand il déclare : "Je ne comprends pas la manière dont on a joué ce soir. Quand on joue contre les anglais, on ne joue pas comme des Anglais. On joue à la française et on fait des passes". Il y eut aussi un coaching lamentable destiné à aire plaisir aux copains mais pas à modifier la manière de jouer! Laprote et Maos ont sans cesse changé l'équipe, sans cesse entretenu le doute, sans cesse chercher à maintenir tout le monde heureux alors qu'une équipe type aurait été plus facile à gérer en permanence avec un styme de jeu durable.
 Les fondamentaux ne paient plus on ne cherche plus qu'à obliger l’adversaire à courir après vous et toujours l’amener à se positionner sur vos points forts. Ils en parleront au petit déjeuner face à une bonne tranche de jambon. Madrange évidemment ! La seule consolation pour Laporte c’est qu’il conservera ses contrats une semaine de plus mais lundi prochain fini le pactole, il vivra chichement d’une paye de secrétaire d’Etat !
ENCORE UNE MISE AU POINT DE LA ROSE
Après l'exploit réalisé en quart de finale contre les All Blacks, les Français n'ont donc pas  confirmé leur retour au tout premier plan. Ils ont retrouvé les limites démontrées face aux Argentins. Le pire, pour Laporte, c'est qu’ils aient du capituler sur des porteurs du symbole de... la rose. Les exégètes y verront tout un symbole pour son avenir politique. Lui qui entre dans le gouvernement au titre de l’ouverture (relative car il n’a jamais été de gauche) va nourrir une animosité particulière vis à vis de tous ceux qui porteront haut et fort cette fleur. La rose restera l'épine de sa vie!
En fait les seuls véritablement heureux ce matin de cette demi-finale sont les financiers de TF1 qui ont triomphalement annoncé un nouveau record d’audience et donc un bénéfice considérable sur cette diffusion. Jamais un match de rugby n'avait été autant suivi à la télévision française puisque 18,3 millions de téléspectateurs (67,4 % de part d'audience) ont regardé hier soir la demi-finale de Coupe du monde perdue par les Bleus devant l'Angleterre. C'est la meilleure audience de l'année pour TF1, tous programmes confondus. Un pic d'un peu plus de vingt millions de téléspectateurs a été atteint dans les dix dernières minutes de la rencontre. Malheureusement on n’a pas pu montrer les explosions de joie patriotique de Nicolas Sarkozy… Ce sera le seul regret véritable des amis du Président de la République. Pour le reste il va falloir meubler cette semaine chaude socialement avec un autre sujet. 
Remarquez que si Laporte veut transformer une défaite... en victoire il doit pouvoir trouver des consultants rue de Solférino ! Il ne manque pas de spécialistes pour excuser les échace et accuser les autres d'en être ersposnables. L'idéail pour uns électionneur aux abois. Il suffit de détourner l'attention pour s'en tirer avec els honneurs.
Tenez je prends courageusement le pari suivant : le divorce du couple sarkozyste sera annoncé avant mercredi de telle manière que l’on estompe l’impact des grèves prévues. Les pages des magazines people sont prêtes pour meubler le vide de la Coupe du monde de Rugby. Et le pire c’est que selon des journaux suisses, Cécilia aurait élu domicile à Londres, chez les ennemis de hier. 
Comment voulez vous que les Bleus pris en otages par la défense anglaise aient pu s’en sortir ? Quand je vous dis que tout nous était hostile hier soir !
Mais je déblogue…
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8 septembre 2007 6 08 /09 /septembre /2007 17:05
Hier soir, ce fut le drame. Les rues de Créon étaient mortes. Les grands écrans noirs se faisaient discrets sur des nuits blanches, devenant tout à coup trop courtes. On maugréait dans les chaumières. On sanglotait dans les club-houses. On se lamentait dans les bodegas. On était effondré dans les loges dorées. Le ministre potentiel des sports et de la jeunesse avait un pet dans les carreaux de ses lunettes de fonctionnaire consciencieux, avant une juste mise à la retraite. Nicolas Sarkozy, accentuant son tic d’agité permanent, témoignait de l’injustice du monde. Roselyne Bachelot, dont le style personnel aurait correspondu parfaitement à la vision que l’on a des animatrices de troisième mi-temps, était en plein désarroi. La France a vécu des moments de détresse collective semblables à ceux qu’elle a parfois traversé dans son Histoire. Les arcs de triomphe avaient pris un coup de vieux, le ripolin de leur façade avait perdu de sa brillance, et les drapeaux tricolores des fêtes païennes furent vite mis en berne.
Après une mauvaise estimation de la croissance, un déficit faramineux de la balance commerciale, une chute vertigineuse de la Bourse, une augmentation constante des prix réels à la consommation, un échec patent des mesures fiscales pour l’activation de la relance… et une hausse prometteuse de l’état de grâce de son Président charismatique, la défaite des Bleus a fait tache dans le contexte. Enfin une bonne nouvelle pour celles et ceux qui connaissent les habitudes du sport hexagonal, pour lequel ma modestie n’a jamais été le point fort. En rugby, bien moins que dans d’autres disciplines, il semblait pourtant que le " melon " n’avait pas encore atteint les instances dirigeantes et surtout les joueurs. Et encore, il y avait des signes avant-coureurs, quand on lisait entre les lignes des chroniqueurs spécialisés, vantant les qualités de cette cohorte qui avait été préparée dans la lignée des principes sociaux actuels : stage commando, rencontre avec le GIPN, déjeuner avec Nicolas Sarkozy, concurrence sévère à tous les postes, vente de la peau des ours avant même de les avoir approchés, utilisation abusive de l’émotion. Impossible de crier au casse-gueule, sous peine de se voir taxé d’anti-nationalisme primaire face à un tel déchaînement de certitudes. La France a pourtant totalement manqué son… ouverture ! A tel point que ce matin, les commentaires passaient de l’allegro au te deum, malgré le fait que les plus fins commentateurs trouvaient encore matière à voir, dans la défaite, des raisons de chanter. Il est vrai que ce principe traverse la vie française actuelle, puisque l’on découvre toujours des effets positifs aux échecs, qui deviennent ainsi des événements à célébrer collectivement.
DE LA VIDEO A LA REALITE
La France a l’habitude des excès. Elle ne vit que dans le culte des idoles et, aussi vite, dans celui des bannis. Il n’y a que rarement de recul par rapport aux événements, comme le veut la méthode anglo-saxonne d’information, dont l’impact ne dépend que de l’émotion qu’ils suscitent. Les Bleus sont passés du pinacle au purgatoire, avant qu’un prochain demi-succès ne les envoie dans un cul de basse fosse. On avait oublié qu’ils n’avaient été que champions du monde potentiels de matches amicaux, et plus encore détenteurs de la Coupe du monde des… calendriers. On avait zappé sur le fait que, dans le camp adverse, on trouvait quelques-uns des meilleurs joueurs du monde à leur poste. Comment ne pas rappeler que, si les clubs français utilisent les services de Corleto, Hernandez, Pichot, Roncero plutôt que ceux de Heymans, Michalak, Mignoni, Milloud, c’est qu’il doit y avoir une raison objective… Résultat, ce matin, on parle au mieux de " couac " et au pire de " bide " !
Laporte a d’ailleurs rapidement trouvé une excuse à cette médiocrité générale. " Les matches de préparation ne comptent pas. On était là au départ de cette aventure, face à un match important, déjà qualificatif. La grandeur de l'événement a sans doute amené de la fébrilité et de la fragilité dans les têtes. La pression, on l'a subie et nous, le staff, nous n'avons peut-être pas fait  ce qu'il fallait pour la lever. Mais le haut niveau, c'est sur le terrain que ça se joue. Force est de constater aujourd'hui qu'on a eu du mal à rentrer dans ce match ". Le problème, c’est qu’il lui faudrait se poser des questions sur les raisons de ce comportement collectif d’une troupe n’ayant pas donné une grande impression de sérénité, après des semaines de rivalité entre joueurs à tous les postes. Certains d’entre eux ont eu, d’ailleurs, le comportement de gens passant un entretien d’embauche.
Le patron, du bout des lèvres, a volé à leur secours : " Bien sûr qu'on compatit avec eux. Dire qu'ils sont nuls maintenant, c'est trop facile. On n'a pas su leur enlever cette pression. On a beaucoup travaillé, fait beaucoup de vidéos, mais le terrain, c'est autre chose que de la… vidéo. On n'a pas su accompagner nos joueurs, mais pas nos avants qui eux ont répondu présents. C'est derrière qu'on a été beaucoup trop fébriles, c'est évident ". Un aveu implacable, pour tout le monde, que les réalités sont souvent bien différentes des images et de l’apparence. Dommage que Laporte n’ait pas ajouté qu’il eût été préférable d'en prendre conscience avant plutôt que de le constater trop tard ! La chute aurait été moins dure. "C'est une grosse déception, on a pris une grosse claque. Peut-être qu'on était sur un nuage, maintenant on est descendu sur terre" avoue Damien Traille. Une leçon pour la France !
SENTIMENT PROFOND D’INJUSTICE
En fait, on attendait tout autre chose. Les Bleus devaient conforter l’atmosphère ambiante. Elle est à l’agitation productive, à la diarrhée verbale envahissante, aux alliances circonstancielles, à l’absence d’opposition, à la victoire facile, à l’opinion dominante rassurante. Dans le fond, on se demandait bien, ce matin, au comptoir des cafés des sports de l’hexagone, les raisons qui faisaient qu’ayant décrété un statut de favoris pour les Bleus, ces foutus Argentins n’aient pas respecté la logique de cette décision. La médiatisation considérable de l’événement, voulue et souhaitée par tout le monde a renforcé ce sentiment profond d’injustice.
Force est de constater que les véritables connaisseurs ont admis aisément le caractère logique de la victoire des Pumas. Ils n’en deviennent que plus suspects, ou indignes de participer au culte du nationalisme sportif béatificateur. En dévorant sa tranche de jambon Madrange, dotée d’une vision simpliste du rugby, la ménagère de plus de 50 ans ou le supporteur " amateur " n’a pas encore les repères indispensables pour comprendre que le rugby a évolué plus vite dans les pays " neufs " très mobilisés, que dans ceux qui traînent derrière eux la " tradition ". Hier soir, on était loin du rugby du pays du cassoulet ou de celui sympa des clochers. On avait oublié la notion de " rencontre ", pour passer à celle de " confrontation ". Cette évolution va à l’encontre des poncifs colportés sur le rugby.
Les envolées lyriques ne sont plus d’actualité. Les gazelles n’ont plus leur place dans les savanes protégées des stades. Les solitaires, tentant d’échapper aux meutes des débardeurs avides de les réexpédier vers leurs origines non plus. Les abeilles transformant le pollen ratissé par les ouvriers de la première ligne, faute d’être ceux de la première heure, sont en perdition. Il n’y aura plus que rarement, n’en déplaise aux éternels nostalgiques, d’envolées ondoyantes ou de périples louvoyant au cœur des écueils sombres, guettant les égarés de l’aventure.
L’ère de la percussion, de la perforation, de la rectitude sans état d’âme, est devenue l’apanage des équipes modernes. Le rugby tampon ravit les foules. Hier soir, selon les exégètes, l’horizon des Bleus se limitait à la grise ligne d’une forteresse inexpugnable qu’ils ont vainement tenté de percer, faute de la contourner ou de la prendre en défaut. Et dans une telle situation, le grain de folie qui transforme le combattant du devoir en héros n’a pas été trouvé.
LA LETTRE DE GUY MOCQUET
Lors des éditions antérieures, l'équipe de France avait eu la chance de débuter face à des équipes moins réputées ; mais quand on décide de jouer à domicile une Coupe du monde, et que l'on débute face à une équipe telle que l'Argentine, je crois que les joueurs d'expérience auraient été les bienvenus…Ces joueurs, à des postes clés, se sont, malheureusement pour eux, laissé emporter par l'émotion et par l'évènement. Je n'ai rien contre David Skrela, mais Fred Michalak, qui a des fourmis dans les jambes, possède un vécu en Coupe du monde qu'il n'a pas. " a déclaré Magne dans un commentaire sur Nouvelobs.com. Même s’il prêche un peu pour sa paroisse (NDR : il n’a pas été retenu par Laporte malgré ses 90 sélections), le troisième ligne auvergnat n’a pas totalement tort. Il est vrai que cette solution n’a certainement pas l’heur de plaire à celui qui va se retrouver au gouvernement, sans posséder la moindre expérience dans la vie politique.
A Marseille, on joue depuis même pas vingt minutes entre les Blacks et les Italiens, que sur le tableau d'affichage du stade Vélodrome, est inscrit le score effarant de 38-0! Un fossé qui, lors de cette entrée en matière prit même des allures de gouffre. Les Néo-Zélandais ont laissé au vestiaire les quelques doutes qui ont assailli les Français. Grâce à une insolente maîtrise technique (et pas seulement, comme le veut le mythe, à leur puissance), ils ont multiplié les déferlantes noires au sein d'une défense incapable d'endiguer les vagues. Ils n’ont témoigné d’aucun état d’âme, d’aucune fébrilité, d’aucune pression autre que celle qu’ils ont immédiatement mis sur leurs adversaires.
Laurent Benezech, consultant de l’Equipe, a dégainé le premier, en expédiant une critique forte vers le Ministre des Sports putatifs et son " cabinet " d’entraîneurs des Bleus. Pour lui, il y a eu une " énorme erreur de gestion de la pression pendant les 12 heures qui ont précédé la rencontre " Plus loin, il explique que les dirigeants de l'équipe voulaient " que les joueurs soient émotionnellement au top au coup d'envoi, et au contraire, ils se sont retrouvés complètement vidés. Le problème est que l'encadrement a voulu en rajouter, et a fait lire au groupe la lettre de Guy Môquet (sic). Ce qui a créé un surplus d'émotion ; les joueurs avaient les larmes aux yeux. Le match était quasiment cinq heures après… " Je savais bien que Nicolas Sarkozy ne résisterait pas, et conseillerait sa méthode de préparation à son grand ami Laporte". Tiens donc, on aurait donc découvert hier soir que l’on ne peut pas, éternellement, réussir en utilisant l’émotion comme seul cache-misère ou comme maquillage pour esquiver la réalité. En fait, comme quand Gavroche, avant de mourir, chantait que sa disparition serait la faute à "Voltaire et la faute à Rousseau", voici ce malheureux Guy Môquet mêlé à une défaite en Coupe du Monde. Comme quoi s'il n'y a jamais de coupable, il y a toujours... un responsable!
Mais je déblogue…
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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 07:37
Hier soir se déroulait la rencontre Marseille-Valenciennes qui fut, il y a un peu plus de 13 ans, dans un ordre inverse, un certain VA-OM entré dans la série noire du football français. Il se trouve que, dans les mois qui suivirent cette affaire détestable, je fréquentais encore le service des sports du journal SUD-OUEST, et que j’ai pu approcher sa réalité, en amont des informations diffusées. Et, comme d’habitude, rien ne fut aussi simple que ce que l’on a voulu faire croire. Un inextricable méli-mélo sportif et politique ne permet pas de saisir tous les tenants et les aboutissants de cette rocambolesque aventure, qui prit naissance, en fait, dans un jardin, où un joueur avait enterré son " pot de vin " dans une boite à biscuits pleine de billets.
On était le 20 mai, et depuis l'arrivée de Bernard Tapie à sa tête, l'Olympique de Marseille avait remporté quatre titres de champion de France consécutifs. L'O.M. était le club le plus admiré à cette époque, grâce à un effectif et des résultats sportifs brillants, notamment de très bonnes performances en coupe d'Europe. Le soir du match, à la mi-temps, Jacques Glassmann fera part de ses doutes sur la sincérité du match à ses dirigeants, qui déposeront des réserves sur la feuille de match. Le 22 mai, le club nordiste révèle officiellement l'existence d'une tentative de corruption.
TROP SURS DE LEUR IMPUNITE
Le défenseur valenciennois Jacques Glassmann avait en effet confié à son entraîneur Bruno Primorac qu'un joueur de Marseille, qui fut auparavant l'un de ses coéquipiers, l'avait contacté par téléphone avant le début de la rencontre. Une somme d'argent aurait été promise par un dirigeant de l'O.M. à Glassmann et deux autres joueurs Valenciennois, Jorge Burruchaga et Christophe Robert (que j’avais connu lors d’un passage à Saint Seurin sur l’Isle) pour qu'ils " laissent filer " le match et surtout que les Marseillais arrivent indemnes à Munich, pour la finale face au Milan.
Une semaine après le début de l'affaire, l'O.M. remporte d'ailleurs la Ligue des Champions de 93 face au Milan AC, sur une tête de Basile Boli, puis dans la foulée, son cinquième titre consécutif de champion de France. Lentement, en démêlant l’écheveau des positions des uns et des autres, les enquêteurs arriveront à prendre la main dans la sac, dans ce cas là, des protagonistes trop sûrs de leur impunité.
Il faut être honnête et expliquer que, pour une affaire VA-OM ridicule tant elle était mal ficelée, grossière, et traduisait le sentiment d’impunité que ressentaient les dirigeants phocéens et ceux de l’ensemble du football français, il aurait pu  y en avoir bien d'autres. Les Marseillais et notamment Tapie voulaient trop cette coupe d’Europe pour s’encombrer d’états d’âme et de scrupules, inspirés de l’éthique sportive. Ils savaient bien, car ils étaient fort bien conseillés, que le système fonctionnait à plein régime depuis des années, du fait de l’augmentation des enjeux financiers. Il aura fallu la présence à Valenciennes, comme procureur de la République, d’Eric de Montgolfier pour que le scandale se transforme en affaire judiciaire... mais ce fut la seule !
Bernard Tapie n’avait rien inventé de génial. Il s’est toujours intuitivement glissé dans les bons coups des autres, avec bien sûr, le sens de la communication en plus. Le problème, c'est que politiquement, bien des gens du sérail, éléphants compris, voulaient sa peau. Il suffisait d’attendre le bon moment pour exploiter l’un de ses franchissements de la ligne blanche, ou ses excès de vitesse, pour le priver de son permis médiatique d’être partout ! Et V.A.-O.M., ne fut que l'opportunité de le flinguer, sans mêler la politique au meurtre entre amis.
RENTABILISER SANS TROP DE RISQUES
En fait "l’achat de match" se pratiquait déjà de manière détournée, surtout lors des premiers tours des coupes d’Europe. L’élimination directe ne donnait que peu de chances à certains clubs de franchir cette étape incontournable. Ils cherchaient donc, surtout ceux de l’Est, a rentabiliser, sans trop de risques, les rencontres initiales si elles les opposaient à des adversaires riches, ne pouvant pas se permettre le moindre faux pas. Il suffisait de monter des opérations apparemment régulières.
Par exemple, je suis allé au Haillan, personnellement, à deux reprises, interviewer deux joueurs achetés à prix d’or à des opposants des Girondins du premier tour. Ils ne firent jamais une apparition durable dans la superbe équipe d’alors, avant d’être prêtés pour l’un… à son club d’origine et pour l’autre à des équipes lointaines. En majorant nettement le montant d’un transfert inutile, on pouvait aisément offrir un dédommagement,, non répréhensible, de la cession du premier tour. Et ces deux "vedettes" furent cédées bien moins cher qu'elles n'avaient été acquises. Dans tous les cas, une opération de ce type rapportait beaucoup plus à eux-mêmes et à leur club qu’un éventuel tirage au sort, sans espoir de compensation. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la pyramide actuelle de la Ligue des Champions, où les "grands" ne sont pas concernés par les étapes les plus obscures de la compétition. Il existait aussi ce que dans notre langage nous appelions les " chambres garnies " avec envoi, des mois après un match, pour les étrennes, d’une caisse de grand vin bordelais, mais ce serait trop dangereux d'en parler!
Les dirigeants constituaient également d’autres " caisses " noires à l’étranger. En allant disputer soi-disant gratuitement des matches de gala dans quelques paradis fiscaux, ou dans des pays peu regardants sur les mouvements de fonds, ils récupéraient les recettes pour stocker au Lichenstein, en Guyane néerlandaise, aux Antilles ou dans quelques contrées du Moyen Orient des sommes considérables. Ils pratiquaient aussi la surfacturation des déplacements, moyennant une ristourne sur place. Ces fonds secrets permettaient ensuite de régler des primes ou des compléments de salaires, non soumis au contrôle des autorités françaises, à des joueurs étrangers opérant en France.
Ainsi, un grand international anglais ou d’autres, allemands, avaient des salaires ridicules à Marseille ou à Bordeaux ou ailleurs… et constituaient des " bonnes affaires ", alors qu’ils recevaient chaque mois un complément du compte extérieur vers celui de leur pays, ou plus régulièrement en Suisse ou à Monaco ! Le système était aussi utilisé pour des joueurs huppés d’autres équipes…qui pouvaient ne pas avoir à enterrer les billets dans leur jardin !
MELLICK PAIE CASH
Dans l’affaire V.A.-O.M., le gros problème aura été l’intégrité exceptionnelle de Jacques Glassmann, attaché à son club et à son métier, et le fait que ses collègues n’ont pas un " niveau " suffisant pour posséder des comptes bancaires à l'étranger. L’O.M. vivait aussi, je le répète, sur son complexe de supériorité et son sentiment d’impunité. Tapie utilisa tous les subterfuges possibles pour se sortir du guêpier, mais après...
Ainsi, Jacques Mellick, ancien ministre et Maire de Béthune, a été condamné en 1997 pour son faux témoignage, car il avait reconnu avoir menti en soutenant devant le juge qu’il se trouvait dans le bureau de Bernard Tapie à Paris, le 17 juin 1993, à une heure où Boro Primorac, actuellement adjoint d’Arsène Wenger à Arsenal, alors entraîneur de Valenciennes, affirmait avoir rencontré le président de l’Olympique de Marseille, à la demande de ce dernier. Bernard Tapie niait que cette entrevue ait eu lieu.
Le retour sur les déclarations de son assistante parlementaire, la présence avérée de Jacques Mellick, une heure avant, à Béthune lors d'une réunion (d'où son surnom de l'époque de "maire le plus rapide de France") l'avaient obligé à revenir sur ses premières déclarations. Jacques Mellick avait alors soutenu avoir menti "pour sauver Béthune", où était installée l’entreprise Testut appartenant alors au groupe de… Bernard Tapie. Il fut trahi par une fameuse photo publiée dans la presse, le montrant à une fête de la communauté d’agglomération béthunoise.
Ce que l’on ne sait pas, c’est qu’il fut aussi victime d’un règlement de compte politique, relatif à la récupération de son siège de député, après sa sortie du gouvernement Bérégovoy en 93… En effet, quand Mellick voulut revenir à l’assemblée, son suppléant rechigna à laisser la place. Tapie fut victime d'une banale querelle de pouvoir local !
Le suppléant s’arrangea, grâce à un membre de sa famille bien placé, pour faire circuler des photos amateurs de la manifestation en question dans les journaux parisiens, dont l’Equipe. J’ai encore en mémoire quelques coups de téléphone mystérieux autour de ces clichés, sur une rencontre avec les agents recrutés par la communauté du Béthunois, durant ces quatre derniers mois, dont, malheureusement pour Tapie, une revue avait gardé une trace ! La justice n'eut qu'à se servir !
Depuis, le suppléant est aux oubliettes, son "familier" occupe des fonctions importantes dans un grand quotidien, et Mellick (supporteur de DSK) est revenu triomphalement dans ses mandats antérieurs… Tapie ayant accumulé les casseroles, ne bouge plus guère, sauf pour récupérer son fric au Lyonnais. 
Au fait, 13 ans après, l’O.M. a aussi péniblement gagné hier soir 1-0 ! ne cherchez pas; les Valenciennois n’étaient visiblement pas achetés, et même, on peut se demander si certains Marseillais ont véritablement joué à leur niveau ! Pour moi, c'est aussi suspect que la victoire des Girondins à Paris. Je plaisante... Enfin, je le crois !
Mais surtout je déblogue…
 
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25 septembre 2006 1 25 /09 /septembre /2006 08:09
La précarité dans le monde du travail devient une règle permanente. Pour diminuer les statistiques du chômage, il est indispensable de considérer que tout travailleur qui décroche le moindre contrat est un demandeur d’emploi en moins. Et, il faut voir avec quelle hâte, les statisticiens de l’ANPE font disparaître les malheureux qui ont pleuré pour obtenir plus de 15 jours de boulot. Il y a pourtant un métier plus exposé que les autres : celui d’entraîneur de club de football professionnel. C’est fou la vitesse avec laquelle vous vous retrouvez condamné à regarder votre équipe à la télé depuis un canapé qui n’a pas les charmes du banc de touche. Si les mêmes principes existaient dans le monde politiquee les Ministres n’useraient guère le fauteuil de leur bureau.
Ainsi Nantes, Créteil et Istres viennent de demander à celui en qui ils avaient entièrement confiance il y a quelques semaines, d’aller chercher fortune ailleurs alors que nous n’en sommes pas encore à des moments décisifs des championnats. On murmure que d’autres pourraient vider leur casier durant les jours qui viennent. On ne connaît pas de contrat plus précaire que celui-ci puisque, en quelques jours, vous passez de la pression du résultat à la morne attente qu’une place se libère ailleurs pour démontrer votre talent. Il est toujours vrai que le malheur des uns contribue au bonheur des autres.
Dans mes contacts avec le milieu du football professionnel, j’ai connu de très nombreux personnages qui avaient en charge un groupe de joueurs souvent mieux payés qu’eux. Tous avaient conscience que leur horizon se découvrait après chaque match et qu’une mauvaise passe les condamnerait immédiatement. Ils devenaient sombres, méfiants, réservés et surtout irritables, car persuadés que les médias portaient une part de responsabilité dans leur échec. Ils avaient oublié que parfois, ils n’avaient pas craché dans la soupe quand tout allait pour le mieux dans le meilleur du monde du ballon rond. Mais j’ai eu beaucoup d’admiration pour quelques-uns, car il faut un sacré talent pour parfois gérer un groupe de "nombrils" riches sans même le vouloir.
A Bordeaux, par exemple, depuis 2001 je n’ai jamais remis les pieds dans un milieu où j’ai passé plus de 20 ans et je me suis arrêté à... Elie Baup. J’en ai croisé ou rencontré quelques autres, plus ou moins longuement, mais sur des dizaines d’entre eux, je n’en ai vu qu’un seul qui ne doutait jamais : Guy Roux. Les autres avaient peur du week-end suivant. La plupart du temps, ils ont d'ailleurs été limogés avant la fin de leur contrat, et quasiment jamais dans des conditions très claires, car le complot couvait avant leur départ. En fait, on sent les choses se gâter quand le dialogue n’est plus possible, quand le silence l’emporte, et que les critiques sous le sceau du secret se font précises. Certains le devinent et devancent le camouflet en allant tenter leur chance ailleurs (Elie Baup vient de le faire cette saison entre Saint Etienne et Toulouse, Jean Fernandez également entre l’OM et Auxerre…) à l’intersaison. Ils sont rares. D’autres attendent la sentence avec fatalisme, en sachant que ça fait partie des risques de leur métier. Ce n'est pas pareil en politique !
UN PERSONNAGE DE ROMAN
Au Haillan, le premier que j’ai pu rencontrer fut ce vieux renard de Raymond Goethals. Une figure, un monument, un personnage de roman de Siménon. D’abord fumeur invétéré, il grillait cigarette sur cigarette, tout en parlant avec son interlocuteur qui n’avait même pas de question à poser. Il parlait tout seul, en utilisant sur la table du café tous les objets à sa disposition pour donner de longues et passionnantes conférences tactiques. Il déplaçait, tel un général sorti du rang, les cendriers, les couverts, les verres, pour vous convaincre qu’il avait déniché le coup imparable pour terrasser l’adversaire. Pas un cheveu blanc, car il se faisait régulièrement teindre pour éviter que l’on voit qu’il se faisait du… mauvais sang et surtout qu’il avait un âge respectable. Doté surtout d'un accent inimitable, " Raymond la science " m’impressionnait par son sens extraordinaire du détail. Rien ne lui échappait. Il connaissait tous les joueurs, tous les clubs sur le bout du doigt et ce que l’on prenait pour de la sorcellerie ne reposait que sur une parfaite connaissance du milieu. Il ne livrait ses secrets qu’aux véritables amis, et pour gagner sa confiance, il fallait absolument devenir un ténor de la… belote, car il passait tout son temps libre à regarder tous les matches possibles à la télé, et ensuite disputer quelques " mille " avec des complices de circonstance ou des habitués. C'était un autre temps !
Il avait redressé une situation désespérée laissée par un autre personnage, Luis Carnaglia arrivé d’Argentine par le miracle d’un ou plusieurs transferts, plus ou moins louches. Lui, ne faisait absolument rien. Il était en vacances en Europe et vivait sur sa légende argentine. Lors du premier entraînement au stade de Galin, il avait pris un ballon, pieds nus et torse nu, pour faire le tour du terrain en jonglant. Puis, il s’était approché du groupe de journalistes pour lui signifier, dans un français d’opérette, qu’il n’était pas question, vu la démonstration effectuée, de mettre en doute son talent technique. Il restera en poste… une vingtaine des semaines, et sera viré avec une belle indemnité.

L’ECOLE DE L’EXIGENCE
Dans un tout autre genre, Aimé Jacquet arriva au Haillan sur les conseils du plus merveilleux des joueurs que j’ai pu rencontrer : Bernard Lacombe, actuellement dans l’ombre à Lyon, mais pourtant décisif dans le choix des hommes. Anxieux au possible, méticuleux jusqu’au bout des ongles, consciencieux, sérieux, travailleur infatigable, observateur avisé, le nouveau venu péchait par son manque de charisme dans ses relations avec les médias. Ce fut l’opposé de Goethals.
Joueur de devoir, il avait été formé à l’école Snella, celle de l’exigence et pas celle des paillettes. Il avait connu le travail manuel, la réalité de la vie, car son professionnalisme venait d’une ascension sociale réelle. Il appartenait à la génération des gens qui savaient tout devoir au sport, et pas à celle, qui arrivera plus tard, des pros à qui le sport devait tout. Il ne parvenait pas se dépêtrer des micros et caméras qui l’assaillaient quand les Girondins accumulaient les titres et les campagnes européennes. Il ne sortait que des phrases stéréotypées, dont l’impact s’usa au fil des neufs saisons passées à Bordeaux.
Il eut la chance de diriger un groupe extraordinaire, constitué de joueurs de devoir (Girard, Tigana, Dropsy, Bracci, Domenech, Thouvenel, Specht, Tusseau, Trésor, Battiston…) et de vedettes ne se prenant pas pour des vedettes (Giresse, Lacombe notamment). Tout se gâtera pour lui quand on lui imposera des joueurs moins fiables, avec des têtes mal faites et vides, et que des histoires, sans rapport avec le football, émailleront la vie du groupe. Sans que ceci ait quoi que ce soit de péjoratif, Aimé Jacquet était un " laborieux ". Opiniâtre, ancré dans ses choix, parlant simplement mais directement à son groupe, suscitant par sa droiture le respect autour de lui, il ne m’a pas laissé la même impression quand je l’ai retrouvé, brièvement, à la tête de l’équipe de France. Il était déjà beaucoup plus distant, et avait appris à se protéger davantage, ce qui fit que la presse ne lui pardonna rien. Il fut limogé des Girondins par un Claude Bez dans la spirale de la faillite, et sans avoir compris pourquoi, tout à coup, on avait engagé des artistes, alors qu’il ne réclamait que des ouvriers qualifiés ayant une solide expérience. Ce sont eux qui ont eu sa peau, car ils ne respectaient plus rien sur le terrain et hors du terrain. Lui, qui finira Champion du monde, quitta Le Haillan après tout ce qu’il avait fait, comme un malpropre ! Il n’ira même pas au bout d’une saison ! Il aura sa revanche, mais la blessure était en lui.
UN SOLIDE BON SENS PAYSAN
Elie Baup ressemble à cet Aimé Jacquet des débuts, mais en moins introverti, en plus roublard et avec un humour capable de sauver toutes les situations. Il adore instituer des rapports de forces mais quand il accorde sa confiance, elle est durable. En revanche, son regard noir, sous la visière de la casquette, peut foudroyer quiconque. Solitaire, doté d’un solide bon sens de paysan ariégeois, matois, capable de prêcher le faux pour connaître le vrai, il a fini par être victime de tueurs internes, de tueurs avisés, qui visaient tout simplement sa place sur le banc de touche ou qui ne souffraient pas de voir leur recrutement mis en doute. Elie Baup a la rudesse de son Ariège natale et il faut se lever de bonne heure pour le faire changer de cap. Il saura toujours dynamiser un groupe ou le faire progresser, car il ne pardonne pas l’infidélité ou la trahison sur la pelouse ou en dehors. Il sait tenir dans la bourrasque et ne pas se tromper de route.
A l’inverse, le plus fragile de tous aura été Alain Giresse que Charles Bietry, Président du PSG, couvrait de fleurs avant... quatre mois plus tard de le virer, lui aussi, comme un bon à rien. Le plus pittoresque restera Rolland Courbis dont la faconde, la malice, le parler vrai et le sens inné de l’embrouille, pouvaient faire croire, provisoirement, qu’il réalisait des miracles. Il sortait des résultats de son chapeau, ou dénichait des talents qu’il savait faire… fructifier sur de courtes périodes. Rolland Courbis est le César du ballon rond. Toujours en train de jouer une énième pièce de théâtre, et fataliste quand tombait prématurément le rideau. Etre viré ne lui pose aucun problème, car il sait que ça viendra tôt ou tard et qu'on le fera revenir pour réaliser un miracle !
Bizarrement, je n’ai pas vu l’un d’entre eux quitter les Girondins, la tête haute, le regard fier. Ils ont tous été virés au nom de la dure loi de la rentabilité. Je suis certain que les entraîneurs actuels seront rassurés. Ils pourront bientôt travailler tranquillementj puisque les clubs de football vont entrer en boursej et l’on sait que, par les temps qui courent, les actionnaires préfèreront la belle incertitude du sport, au… détriment de leurs dividendes.
Mais je déblogue...
 
JE VOUS AVAIS PREVENUS MAIS VOUS NE M'AVIEZ PAS CRU...
http://permanent.nouvelobs.com/medias/20060925.OBS3300.html (cf chronique "Taisez-vous Elkabach" de L'AUTRE QUOTIDIEN)
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21 août 2006 1 21 /08 /août /2006 07:17
Un Bordeaux-Lyon s’apparenterait en Espagne à un Real-Barça, en Angleterre à un Arsenal-Chelsea, ou en Allemagne à un Brème-Bayern…C’est ce que la Ligue 1 peut offrir de mieux en matière de choc au sommet de son championnat. Le fait que l’ordinateur de la LNF ait choisi le mois d’août pour le proposer, démontre que personne ne peut croire à son impartialité. En effet, depuis de nombreuses saisons, je n’ai souvenir que de matches réputés de haut niveau au cœur des vacances girondines. Il faut en effet assurer de grosses recettes durant la période où les gens n’ont pas encore le rythme tram, boulot, dodo en tête.
Hier soir, c’est donc un stade Chaban-Delmas exhalant les bruits, les couleurs et les odeurs des soirées européennes de la Belle époque qui attendait la confirmation des ambitions girondines. Même si la nostalgie ne constitue pas la meilleure motivation des supporteurs, qui ne veulent parler que d’avenir, elle traversait la tribune d’honneur, où tous les gens qui comptent étaient venus se montrer… Le football va redevenir une référence comme il le fut durant l’époque Bez, si les Girondins continuent à tenir le haut du pavé. D’autant que les échéances électorales donnent un intérêt accru à toute présence.
Avec un effectif composé de dix internationaux sur onze joueurs, les Lyonnais ne respiraient pas la sérénité. Ils savent que la campagne mondiale a laissé des traces dans les esprits, et que pour relancer une dynamique il leur faut absolument évacuer. On le sentit durant l’échauffement avec des courses un peu lasses, des balles molles et plus encore par des étirements durables… La sensation que les cadres n’avaient pas encore la tête au boulot.
Côté bordelais, la hargne perlait dans les échanges. Visiblement la faim était supérieure. Un esprit commando animait un groupe plus homogène, plus proche, plus serré. Cette phase permet toujours de sentir la manière dont va débuter le match. Bizarrement, le clan brésilien des Bordelais avait fondu comme neige au soleil de Copacabana. Rusé et fin tacticien, Ricardo avait laissé la " légion samba " sur le banc pour aligner une formation de combat susceptible de mettre la pression sur les faiseurs de miracles. Son flair fut vite récompensé.
Désormais il n’y a plus en effet de coups de pied arrêtés insignifiants. Le football moderne devient celui des erreurs exploitées. Contrairement à ce qui fut le cas, durant des décennies, les attaquants ont de plus en plus de mal à faire la différence dans des actions individuelles construites. Ils tirent profit de miettes que leur laissent des défenseurs, dépassés par une balle millimétrée ou un contre imprévu. Chaque coup franc, chaque coup de pied de coin prennent maintenant une importance capitale dans un sens ou dans l’autre. Tous les clubs majeurs recherchent donc des tireurs d’élite auxquels on ne demande pas nécessairement d’être omniprésents dans le jeu. Michel Platini fut, selon moi, le prototype de cette génération rentable par son adresse. Lyon doit beaucoup dans sa réussite à Juninho
ENTRE LES CONGES ET LE LABEUR
Les Girondins entamèrent la confrontation sur la base de leur phase de préparation. Ils bousculèrent les lignes lyonnaises encore fluctuantes, et mirent en difficulté une défense encore entre les congés et le labeur. Visiblement, Lyon avait besoin du starter pour démarrer ses rencontres ou d’une période de préchauffage car chaque ballon faillit faire caler le moteur de la supposée Formule 1. La qualité bordelaise résida dans cette capacité à exploiter cette lenteur à sortir des stands. Le premier coup de pied arrêté fut le bon.
Une balle fuyante n’échappa pas à l’affamé de gloire qu’est devenu Faubert. Il la chipa au passage pour la jeter dans ses filets à provision. Contrairement aux fameuses cinq dernières minutes, on crut que le dénouement de l’énigme se contenterait des cinq premières... Les Girondins n’avaient pas eu besoin de plan " B " car le " A " avait fonctionné à merveille dans ce match traité comme la constitution européenne.
La méforme olympique des Lyonnais ne dura pas longtemps car la claque avait secoué les consciences. On s’en remit donc à la patte magique de Antonio Augusto Ribeiro Reis dit Juninho. L’un des mauvais gestes d’antijeu qui émaillèrent le match lui offrit l’occasion de taper dans le mille. Sa balle échoua sur l’angle du cadres alors que Ramé semblait avoir plongé pour la photo. Tous ses autres flashes n’éclairèrent pas la situation. Il fallut que Tiago Cardoso Mendes se mette en position de tir pour que l’on y voit plus clair dans le camp de l’O.L. Une frappe déviée de sa route par le tibia brésilien de Fred termina sa course loufoque derrière la ligne blanche des cages de Ramé. Le coup de pied arrêté laissait place au coup du sort souvent complémentaire. Tout était à refaire pour des Girondins qui ne déréglaient plus l’ordonnancement d’un milieu adverse devenu impitoyable.
PAS D'APPETIT DE FAUVE
Le passage au stand permit provisoirement à Micoud de faire le "plein d'énergie", car au cours de la première période il n’avait visiblement pas les ressources nécessaires pour tenir son rang. Il se mit à ratisser davantage de ballons, à mettre le reste de l’équipe dans le sens de la marche. On le sentit peu à peu, quand le héron Chamakh faillit, d’un coup de son long cou emmanché d’une tête, piquer au vif Coupet. Prenant leurs adversaires plus haut, essayant de les empêcher de s'afficher en maîtres joueurs, les Girondins inquiétèrent beaucoup plus sérieusement des Gones pas très incisifs. Visiblement, la première impression avait été la bonne : Lyon n’avait pas encore son appétit de fauve de la saison dernière !
Micoud promena donc librement, quelques minutes encore, son allure de gentleman farmer endimanché sur la front de l’attaque bordelaise. Il aurait pu faire la décision sur un enchaînement techniquement au point, mais Coupet lui opposa une manchette de catcheur. D’autres occasions donnèrent l’impression que le duel pouvait tourner à l’avantage des dauphins. Il leur manqua pourtant ce fameux réalisme qui avait fait leur réputation la saison écoulée. Une erreur d'intattention, dont on sait qu’elle est aussi dangereuse que celle qui consiste à croire indéfiniment dans des lendemains qui chantent, pouvait tout changer. Il aura d’ailleurs suffi d’une poignée de minutes pour que tout bascule.
LE COUP DE GRACE
Un coup du sort avait effacé un coup de tête. Il ne manquait qu'un coup de grâce pour compléter le score. Tous les grands stratèges vous le diront : une bataille se gagne avec les réserves et pas seulement avec des commandos. Si elles sont performantes, au point, et si on les lance dans la bataille au bon moment, elles peuvent se révéler décisives. Gérard Houllier le sait. Il expédia donc en grenadiers voltigeurs, face à une défense fatiguée, Benzema, Wiltord et Kallstrom qui crèèrent les brèches que Francia et Laslandes ne surent réaliser. La différence était là.
Un ultime sursaut, une situation confuse, et la tête luisante de Wiltord, venu auparavant glisser quelques mots déstabilisateurs à l'oreille de Micoud, surgit pour un véritable hold-up.
En fait, bien plus que la défaite, ce but consacrait la dure réalité : Bordeaux est encore loin du statut d'équipe de Champion's League. Il lui faudra réaliser des prouesses pour espérer rivaliser avec la première catégorie européenne, celle qui aurait justifié que ce match soit considéré comme de haut niveau. Une faute toutes les 90 secondes, une valse de cartons, ne suffisent pas en effet à justifier ce statut... Pour s'en persuader, il suffisait d'aller regarder sur Canal + Sport un somptueux Barça-Espanyol de Coupe d'Espagne, car là, avant de ne pas perdre sur un coup du sort, un coup de tête, un coup de grâce, un coup tordu on cherchait à gagner sur un coup de génie! La différence est fondamentale!
Mais je déblogue...   
Photos AFP Bordeaux Lyon C.Bernard
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